druidepunks

C'est ici que tout commence et tout ce termine

Dimanche 30 janvier 2011 à 19:44

Assis, j'attends, j'écoute, je fait semblant.
Je prend soin de faire durer chaque gestes une courte éternité, ce n'est pas la fatigue, juste un ordre de mon cerveau donné au reste de mon corps.
Peut être se dit il que c'est plus sûr.
J'observe sans grand intérêt ce que je peux.
Une salle sombre, plutôt inquiétante maintenant que j'y fait attention, à vrai dire je ne me suis pas demandé ce que je foutais là.
J'ai adopté une respiration lente, trop lente.
Une grosse tâche noire est installée à côté de moi, ce qui ressemble à la tête, brille, captant le peu de lumière dans cette importante obscurité.
Je me glisse doucement vers celle ci, c'est une femme, je me met près d'elle en prenant la précaution de ne pas la toucher.
Il serait préférable, dans un moment pareille, que mes doigts ne viennent pas se mettre là où ils ne sont pas conviés.
Elle est blessée à la tête, une plaie tiède qui laisse s'échapper un filet rougeâtre.
Son souffle est rapide, à la façon d'un chien qui halète.
J'étends mes jambes, mon pied vient de heurter un objet lourd, je l'ai sentis roulé.
Je le suis à quatre pattes en me repérant au son de ses mouvements.
Mes cheveux frôlent un meuble, au toucher, je dirais que c'est une vielle armoire en fer, elle dégage une odeur de rouille.
Des sueurs froides coulent le long de ma colonne vertébrale.
Je commence à me demander ce qu'il ce passe dans cette pièce, et qu'est ce que je fait avec une femme blessée.
Je tend mon bras sous l'armoire, à la couche de poussière, je devine que cet endroit ne doit pas être entretenue, peut être même abandonné depuis un bon moment.
Ma main touche une boule de poussière, du moins j'espère.
Enfin, je l'ai attrapée.
Ça tombe bien, une lampe torche, celui qui l'a laissée là avait dans l'optique de me montrer quelque chose, je l'allume et d'un coup les ténèbres se transpercent d'un rayon lumineux, une volée de poussières brillantes inondent aussi tôt son champ d'action.
D'abord un large tour de la pièce.
Aucune fenêtre.
Aucune porte.
A croire que j'ai traversé les murs pour entrer à l'intérieure.
Je m'arrête sur un visage, son visage, du moins ce qu'il en reste.
Le côté droit est ensanglanté, la chaire est visible, le morceau de peau qui devrait s'y trouver est accroché au bas de la tête, pendant. Comme si celui qui lui avait fait ça, l'avait littéralement épluchée.
La chair à noircie mais c'est encore récent, le liquide pourpre n'est pas sec et reflète la lumière de ma lampe.
Soudain, comme si ses yeux avalaient la lumière, je ne voit plus qu'eux, un regard noir, les paupières écartées, comme maintenues par des agrafes imaginaires, elles aspire tout se qu'elle regardent, on croirait observer un trou noir, on en devient très vite la proie.
Elle se lève, d'un geste brusque elle m'attrape le bras.
Mon coeur s'accèlere, ses yeux se retournent, deviennent blanc, ses lèvres s'écartent, un peu plus et elle se déchireraient.
Elle se laisse tomber sur moi, la lampe m'échappe, je ne sent plus rien.
Plus aucun bruit, une silhouette se dresse derrière elle, s'échappant de l'ombre, agrippant son pied d'une main trois fois plus grandes que celle d'un homme.
La femme se laisse emmener.
Je me retrouve seul.


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druidepunks

Lundi 10 janvier 2011 à 8:44

Je suis un homme, comme tout le monde je possède une intelligence, une conscience.
Je suis ni trop con, ni trop évolué.
Je m'auto-suffit pour la plupart du temps mais j'aime en avoir plus qu'un autre.
Je m'abrutis devant des émissions qui ne m'apprennent rien; j'écoute des musiques gueulardes pour me sentir différent et de douce mélodie lorsqu'il faut accorder mon activité à mon humeur.
Mais je peux aussi découper un nourrisson en une multitude de morceaux, je peux faire couler son sang et lui extraire ses entrailles, sans aucun état d'âme.

Je peux faire crever le plus connu des super héros en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, juste selon mon bon vouloir.
Je peux faire passer l'arme à gauche à quiconque, pour satisfaire une envie ou juste m'occuper une vingtaine de minutes.
Je peux créer une expression d'horreur sur le visage d'une jeune femme en un seul mouvement de main.
Je peux provoquer un génocide, le plus violent de toute l'histoire sans même bouger de ma chaise.
Je peux assassiner une femme et ses enfants juste sous vos yeux et soumettre le père de famille à un rictus joviale devant ce spectacle.
Je peux développer un gène formidable, capable de muter toute la population d'une ville en des spectres sans nom à qui la seule partie humaine restante sera leur agonie douloureuse; tout en buvant un café.
Je peux m'allumer une cigarette en pensant à la prochaine scène de crime dont je saurais l'auteur, comme vous vous penseriez au repas de ce soir.
Je peux créer des vies et les faucher le moment d'après pour m'amuser.
Je peux tout faire, tout réaliser, personne n'en a les moyens, moi je les prends, je les arraches sans vergogne.
La question de la dignité ne se pose jamais.

Je vous fait pleurer ou rire.
Aucune importance.
Et personne n'a son mot à dire.



Je suis dessinateur.

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druidepunks

Jeudi 11 novembre 2010 à 16:45

Au final cela semblait être une bonne chose qu'elle sache ou nous nous rendions cette après-midi, surtout quand je me suis retrouvé le crâne ouvert, fendu en deux comme une pastèque sur l'une des marches boueuses rendues glissantes par la neige, dorénavant immaculée de mon liquide vitale, pourpre, fumant par ce temps hivernal, une buée glauque, étalé de tout mon long dans une position quasi grotesque pour ce genre de circonstance, en effet quand on pense à notre propre mort, la mise en scène et soit pseudo grandiose soit intimement vécu, pour rejoindre une toute dernière posture à la hauteur de notre existence, mais en tout cas surtout pas en ayant l'air con et en laissant une image de nous complétement à chier a la limite d'un humour mal placé. Une auréole mi-bleu mi-rouge entouré ce cratère sanglant quand ma mère est arrivée, elle avait reçu l'appelle il y a moins d'un quart d'heure de la part d'un des médecins sur place, et s'était rendu au plus vite à ce rendez vous macabre, elle n'avait pas voulus y croire en répondant au téléphone, elle voulait ignorer cela, comme une mauvaise blague. Quand elle est arrivée, conduit par un homme -habillé d'un large blouson inscrit au dos en initiales jaunes quatre lettres que personne ne désire voir chez soit- jusqu'à ma dépouille, pour une identification, son visage c'est crispé, ses trait rond ont laissé place à un masque au trait caricaturale, sa bouche c'est ouverte pour laisser sortir un long hurlement silencieux. Et elle est resté là assise dans ces marches humides, délimitées par des poutres en bois recouvertes d'une couche épaisse de poussière d'ange, contemplant une flac de sang qui avait fait fondre la neige, traversé cette épaisseur pour venir assimiler le sol et nourrir la terre. Elle ne bougeait plus, tout ses membres crispés, ses extrémités rougies et engourdies par le froid, sous le choque d'une image trop brutale, qu'elle ne se serait jamais attendue à voir ce matin en embrassant son fils. Les yeux fixés dans un vide qu'elle seule ne pouvais voir, elle ne s'en remettrais jamais ...




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